Place du 18 Juin 1940 85 470 Brem-sur-Mer

 Voici une petite histoire brémoise où il est question de notre restaurant étoilé « Les Genêts », d’un Poilu de 14-18 et des guerres de Vendée, rien de moins.

Elle commence en 14-18 : l’homme sur ce cliché s’appelle Gaston Babin, un Brémois né en 1890. Il eût la bonne fortune de survivre à la Grande guerre[1] au terme d’un éminent parcours, croix de guerre avec trois citations. Photographié en juin 1915 dans la Somme, il a toutes les raisons de sourire : il vient de réchapper aux terribles combats d’Hébuterne (7-13 juin 1915) visant à conquérir puis tenir un secteur retranché capital pour les Allemands. Trois régiments largement constitués de Vendéens (93e, 137e, 64e RI) sont en première vague. L’assaut est un succès et laisse entre nos mains 500 prisonniers. Pour sa conduite à la tête de sa section, le sergent-major Babin est promu adjudant et décoré de la prestigieuse Médaille Militaire.

Sa campagne avait commencé dès l’été 14 : récemment libéré du service militaire il est mobilisé au 93e RI de la Roche-sur-Yon comme beaucoup de jeunes Vendéens de l’Ouest. Devenu sous-officier, toujours au feu, Gaston Babin fut blessé à plusieurs reprises, une première fois en Champagne en septembre 1915 (sept mois de soins) puis sur le Chemin-des-Dames en mai 1918 où son régiment est anéanti dans la grande offensive allemande du printemps. Touché par trois balles, il est ramassé par l’ennemi sur le champ de bataille. La guerre finie, il revient à Brem en décembre 1918, après quelques mois de détention au camp de Darmstadt.

Toujours pas de genêt dans ce récit, mais voici la suite: il se trouve que notre Poilu, viticulteur de profession, réside[2] - vous l’aurez senti venir - dans la belle demeure qui abrite aujourd’hui le restaurant gastronomique. Bâtisse qui s’appelle déjà Les Genets… point pour évoquer les arbrisseaux à fleurs jaunes qui bordent nos sentiers, mais parce que c’est la demeure familiale de sa mère qui s’appelle Clara Genet. Ah, on y arrive : ainsi, en tirant quelque peu cette pelote historique, on remonte à Prairial de l’an I[3] : l’arrière-grand-père de Gaston Babin, François-Xavier Genet, bouillant capitaine de la Garde nationale qui a déjà bien roulé sa bosse, est blessé près de Challans en combattant les Vendéens. Un an plus tard, ce républicain convaincu convole en justes noces avec une demoiselle de St Martin, Françoise-Gabrielle Gaudin, dont la famille se sent pourtant de claires affinités avec la cause royaliste. Le brillant officier devient par la suite commandant militaire de la garnison de Port-Fidèle (St Gilles) avant de s’établir à Brem en 1801 dans cette maison bourgeoise subtilement baptisée Les Genets[4]. Il exerce la responsabilité de maire entre 1806 et 1813, renonçant alors à son écharpe pour repartir en campagne en Allemagne avec la Grande Armée. François-Xavier Genet participe aux dernières épopées militaires de Napoléon puis finit sa route à Dresde, capitale de Saxe. Il rend l’âme dans un hôpital de la ville le 9 décembre 1813, sans avoir revu Brem et ses genets.

Voilà pour ce petit récit local, où de petites histoires ont contribué à l’Histoire avec un grand H !

Bertrand GARANDEAU

La Mairie tient à remercier chaleureusement M. Garandeau pour cet article 

 

[1] Rappelons ici que 56 mobilisés de Brem sont tombés durant le conflit.

[2] Jusqu’en 1930, où il s’installe aux Sables.

[3] Juin 1793

[4] Eu égard peut-être aux sept petits Genet qui naissent de cette union, dont le grand-père de Gaston Babin.